Tourner la page, pour moi

L'année 2020 tire à sa fin  (ce qui n'est pas une mauvaise chose...!) et le thème "Tourner la page", proposé par La Blogo qui déchire, m'inspire à une certaine réflexion sur moi, sur ma vie. Et le fait d'avoir passé le cap des 50 ans m'incite à faire un peu de ménage pour bien entamer cette décennie.

Tourner la page, ça peut être fermer le livre sur la fin d'une histoire, mettre tout ça de côté pour passer à autre chose.

En ce qui me concerne, la page que je tourne ressemble davantage à la fin d'un chapitre et à la page blanche toute neuve où je m'apprête à écrire la suite.

Je n'ai rien à oublier; d'abord parce que jusqu'ici, mon histoire a été beaucoup plus souvent joyeuse que triste et, d'autres parts, parce que les chapitres plus sombres m'ont malgré tout apporté quelque chose, en m'apprenant que je suis plus forte que je le croyais, par exemple, et en forgeant la femme que je suis. 

Mais je souhaite quand même me délester de certaines petites choses pour avancer avec des bagages un peu plus légers...

Les pressions sociales

C'est plate à dire, mais toute la colère, la division et l'intolérance que je vois dans la société en ces moments de crise m'ont fait comprendre que j'étais bien naïve de penser que "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil"... Et d'une certaine façon, c'est une bonne chose pour moi parce que ça me donne envie de me libérer des diktats et des conventions que l'on m'impose pour entrer dans le moule. Comme je suis un peu dégoûtée de la société actuelle, je me sens appelée à m'en éloigner un peu et à affirmer davantage mon droit de ne pas nécessairement être "comme tout le monde". 

L'altruisme, oui, mais... 

Depuis toujours, je vis beaucoup (trop) pour les autres. Je sais que je ne suis pas la seule; on veut être vu comme quelqu'un de généreux, toujours prêt à aider les autres, à offrir une oreille compatissante ou une épaule sur laquelle s'appuyer. Tellement qu'on en vient à s'oublier. C'est tout à fait mon cas. 

J'ai donné beaucoup de mon temps et de mon énergie à bien des gens autour de moi mais parfois à mon propre détriment. À des "amis" ou mêmes des parents qui se sont volatilisés lorsque j'ai eu besoin d'eux à mon tour. À des personnes pour qui je n'en faisais jamais assez et qui réclamaient toujours plus. J'ai très souvent dit oui alors que j'aurais dû dire non. 

Je ne cesserai jamais d'aider, de donner mon temps, mon énergie, mon écoute et mon soutien, c'est certain. Seulement, je le ferai par amour, parce que ça me fera plaisir de le faire, pas par obligation ou pour ne surtout pas déplaire. Mes "oui" seront sincères, ils ne seront plus forcés ou carrément à contrecœur. 

Je donnerai peut-être moins, mais je suis persuadée que je donnerai mieux.

Maman, mais pas que

Je suis atteinte d'un mal chronique : le mère-poulisme aigu. Pas dans le sens que je suis surprotectrice avec mes filles; au contraire, je me suis toujours assurée de les laisser tenter leurs propres expériences, je ne les ai pas gardées dans la ouate. Mais ce n'est pas l'envie qui manquait! J'ai tendance à beaucoup trop m'en faire pour elles, à me sentir impuissante à leur épargner la douleur, la peine et les problèmes.

Maintenant qu'elles sont toutes deux de jeunes adultes, je comprends que je dois leur faire confiance pour gérer elles-mêmes les moments plus difficiles de la vie. Je peux être là pour les épauler, les soutenir, mais je ne peux pas vivre à leur place. J'apprends à lâcher prise et à ne pas prendre leurs problèmes sur mes épaules. Si j'y arrive relativement bien avec l'aînée, c'est plus difficile avec la cadette, du fait qu'elle est transgenre et donc plus exposée à vivre des situations désagréables et à entendre des commentaires stupides... Mais je sais qu'elle est forte psychologiquement et qu'elle arrive à gérer ça sans moi; à moi, donc, de la laisser réagir à sa manière.

Il faut que Maman s'efface un peu pour laisser les filles choisir leur propre chemin. Il est aussi temps qu'Isabelle reprenne sa place.

Je, me, moi... aussi

J'apprends à m'occuper davantage de moi. Ce n'est pas de l'égoïsme, au contraire : c'est en pensant à moi, en écoutant mes besoins et mes envies que je me rends plus disponible à mes proches. Oui, je suis une mère, une épouse, une fille, une sœur, une amie... Mais, avant tout, je suis une personne bien distincte, une femme qui a des goûts, des projets, des désirs. Et il est primordial que je travaille chaque jour à mon propre bonheur pour être capable d'en donner aux autres. Alors je prends du temps pour moi, je me gâte, je m'offre de la douceur et je suis bienveillante avec moi. C'est une question d'équilibre.

Alors oui, je tourne la page pour mieux poursuivre mon histoire de vie, en laissant derrière moi quelques petits boulets qui m'entravaient un peu... J'entrevois l'avenir avec plus de sérénité, plus de maturité aussi. J'ai hâte de voir ce qui m'attend à la prochaine page!