Solidarité, mon oeil!

Alors que la planète toute entière vit au rythme de la pandémie de Covid 19, on nous serine à longueur de journée qu'ils faut se serrer les coudes. Être solidaires. Les arcs-en-ciel fleurissent partout dans les fenêtres. Ça va bien aller.




En effet, c'est de solidarité dont nous avons besoin en ce moment; ne sommes-nous pas dans le même bateau?

Pourtant, je n'ai jamais ressenti aussi peu de solidarité que depuis quelques semaines.

Il n'y a qu'à regarder les commentaires sur Facebook; chacun a son opinion sur le virus, le confinement, le déconfinement, les mesures annoncées par le gouvernement, etc. Et c'est bien comme ça: on n'est nullement obligés de tous penser de la même façon. Alors pourquoi les internautes s'agonisent-ils d'injures quand ils ne sont pas d'accord sur un de ces sujets?! Pourquoi les gens qui approuvent la réouverture des écoles sont-ils systématiquement qualifiés de parents indignes pressés de se débarrasser de leur progéniture? Pourquoi les gens qui craignent pour leur santé se font-ils traiter de peureux? Et les injures fusent de toutes parts ("Ta yeule, maudit cornet!", "Hostie de sans génie, tu mérites d'en crever!"... Ce n'est qu'un petit échantillon.). S'il y a déjà eu un tant soit peu de respect sur ce réseau social, il a carrément foutu le camp.

Est-ce socialement acceptable qu'une personne âgée qui sort s'acheter un litre de lait se fasse crier "Enwèye à maison"? (Celle-là, le premier ministre Legault aurait pu la garder pour lui...). Si ce n'est pas de l'âgisme, je me demande bien ce que c'est! Ma pauvre belle-mère, qui est en grande forme et pète le feu n'ose plus mettre le nez dehors parce qu'elle craint les regards de désapprobation...

Et là, depuis peu, c'est la guerre Montréal/régions... Les habitants de la Gaspésie, du Saguenay, de la Côte-Nord, etc, vomissent sur la métropole, qui est plus infectée (pas étonnant, c'est dans Montréal et ses banlieues que vivent un tiers de la population du Québec...). Les couteaux volent bas. Je me sens interpelée, puisque je vis à quelques minutes de cette ville. Comme si nous étions tous des pestiférés, des cons finis, des voyous, des irresponsables.

Et que dire des délations... Personnellement, je me fous que le troisième voisin voit sa copine en cachette. Si ça se trouve, ils sont confinés chacun de son côté et se rejoignent un samedi soir pour passer un peu de temps ensemble. Ça ne me regarde pas. Prévenir les autorités pour ça, ça me rappelle une époque où on dénonçait une voisine qui cachait des enfants juifs dans son grenier...

Alors dites-moi, elle est où la solidarité? On devrait se soutenir, se réconforter mutuellement, se tenir en tant que peuple. Là, ce que je vois, le climat social qui règne présentement, ça me donne la nausée.

J'ai peur pour demain, parce la pandémie va laisser beaucoup plus de séquelles qu'on pense.



Commentaires

  1. Cette situation me laisse aussi perplexe. Pourquoi renvoyer les personnes âgées chez eux ? Je ne comprends vraiment pas. Si ils veulent sortir, c'est qu'ils en ont envie et décident des risques qu'ils prennent. C'est leur vie après tout.
    Quand à la délation, un truc de dingue. Et oui, j'ai fait immédiatement le même rapprochement...
    Un truc de fou de plus, dans la drôle de période que l' on vit...
    Merci pour ce coup de gueule public.

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    1. Pour les personnes âgées, je trouve ça inadmissible; ils sont tout à fait capables de prendre leurs décisions. Ça ne leur est pas interdit de sortir, c'est seulement un conseil. Après, les gens leur font les gros yeux, c'est insultant... Ils n'ont pas besoin qu'on les infantilise à ce point.

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  2. C'est souvent dans ce genre de situation de crise que le meilleur et surtout le pire des gens ressort... C'est bien triste !

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  3. Ton article me parle, on a la même en france, rsa vs smic, smic vs salaire moyen, salaire vs riche. On est tous dans le même bateau. Les gens se prennent pour des médecins, présidents, économistes. Comment peut-on nous monter les uns contre les autres dans un moment pareil. J'ai bien peur malheureusement, hormis la planète qui a pu souffler un peu que personne ne tire lesl eçons de cette crise.

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  4. Je pense qu'il y aura peut-être une prise de conscience chez certains mais la solidarité n'est pas de mise chez tout le monde, parce que chacun veut avoir le dernier mot...
    Trop souvent!
    Belle semaine Isabelle

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    1. Tu as raison, Marie; il y a de belles initiatives solidaires, heureusement, tout n'est pas noir, mais certaines gens ont manqué le bateau pour ce qui est du respect et de la solidarité. En fait, c'est sans doute le cas en tout temps mais c'est encore plus flagrant pendant une telle crise...

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