L'agoraphobie, être en prison chez soi

On en entend parler mais c'est un trouble qu'on connaît finalement assez peu. Déjà, on s'en fait une définition un peu erronée; le dictionnaire définit l'agoraphobie comme étant la peur des endroits publics. C'est tellement plus large que ça! On peut tout aussi bien craindre les endroits isolés, les salles closes, les foules, etc. Je sais de quoi je parle, je vis avec ce trouble depuis 25 ans.




Ça commence par une crise de panique. La plupart des gens en vivent au moins une dans leur vie et, bien que ce soit effrayant, ça ne porte pas à conséquence. Pour moi, la première crise de panique a été suivie par une deuxième, une troisième... une vingtième. C'est devenu quotidien. Un enfer que je ne comprenais pas, sur lequel je ne pouvais pas mettre un nom. Même les médecins ne trouvaient pas. Épilepsie? Problème cardiaque? Et à chaque crise, je me sentais mourir.  

Subir une attaque de panique, c'est ressentir une immense terreur sans savoir pourquoi. C'est ne plus être capable de respirer, sentir le coeur battre si fort et si vite qu'on a l'impression qu'il va exploser. C'est perdre la notion de réalité. Il n'y a plus de place pour rien d'autre que cette peur affreuse dans notre tête et notre corps.

On en vient à être terrorisé à la pensée qu'une nouvelle crise va survenir. On commence à éviter les endroits où on en a vécu une. Puis on évite tous les endroits où on pourrait en avoir une. On se met à ne plus se sentir en sécurité nulle part, à part chez soi. Et on s'enferme. 

Ça pris plusieurs mois avant que je trouve moi-même ce que j'avais, en lisant un témoignage dans un magazine. Là, j'ai pu voir un psychiatre et avoir un diagnostic: trouble panique avec agoraphobie.

On ne connaît pas encore tout à fait les causes; un mélange de facteurs biologiques, psychologiques et de l'environnement dans lequel on vit. Une chose était cependant claire pour moi: je ne voulais pas vivre comme ça. Nouvelle maman, je n'imaginais pas ma vie enfermée entre les murs de ma maison, sans pouvoir aller au parc avec ma petite, ni au zoo, ni nulle part. Je n'arrivais même pas à sortir sur le balcon! C'est dur pour le moral. Et vivre dans la peur, tout le temps, c'est extrêmement épuisant. Il fallait que je retrouve une qualité de vie, à tout prix.

J'ai choisi la médication et la thérapie. J'en ai bavé à réapprendre à sortir de chez moi. Ça ne se fait pas en quelques semaines, ça prend des mois, voire des années pour être capable de gérer les montées d'angoisse qui mènent à la panique. J'ai dû faire l'apprentissage de techniques de relaxation et de respiration. Trouver des trucs. Même aujourd'hui, je n'y arrive pas toujours; la peur est parfois la plus forte...

Mais j'ai retrouvé une vie presque normale. Je sors, je voyage même. Je dois encore prendre des médicaments, probablement à vie, mais je m'en fous, je peux vivre, aller au resto, au cinéma... Cependant, je reste fragile. Pas question pour moi d'aller passer une semaine dans un chalet isolé. Je dois toujours être à proximité d'un hôpital, une clinique. Je sais que c'est dans ma tête, je n'y suis jamais allée pour une crise. Mais c'est comme ça. Je dois toujours avoir mes anxiolytiques avec moi, au cas... J'ai encore des crises de panique, elles sont toujours aussi terrifiantes mais j'arrive à les contrôler en quelques minutes. 

Je ne serai jamais guérie mais je suis tellement heureuse d'avoir réussi à sortir de ma prison que je profite de tout ce que la vie a à m'offrir. Je sais que je parviens à être plus forte que la peur alors je fonce. Surtout que bien des gens mènent des combats bien plus durs que le mien! Je ne suis pas à plaindre. J'ai des limites, mais qui n'en a pas? Maintenant, je ne suis plus seulement en vie: je suis vivante.








Commentaires

  1. Merci beaucoup pour ce partage très émouvant et bravo pour tous ces pas en avant! Chaque pas compte pour s'en sortir et reprendre contact avec la vie.
    Belle leçon pour nous tous!

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    1. Merci Marie. Effectivement chaque pas compte et je suis très heureuse de les avoir fait, même si c'était difficile. C'est ça, travailler à son bonheur!

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